Alors que Doha restait le principal soutient au mouvement des frères musulmans parmi les pays du Golfe, le Qatar a affirmé à l’occasion du sommet annuel du Conseil de coopération du Golfe que ce soutient était à présent terminé. Ce ralliement aux autres monarchies des pays du Golfe peut s’expliquer par différentes raisons.
A l’issue du sommet annuel du Conseil de coopération du Golfe, le Qatar a annoncé qu’il se ralliait aux autres monarchies pétrolières de la région pour soutenir le régime militaire égyptien – AFP
Jusqu’alors le Qatar demeurait un soutient indéfectible des frères musulmans, chassés d’Egypte. Mais bien que ce mouvement pourtant influent dans le monde arabe prône la dénonciation du terrorisme, un tel soutient devenait gênant pour un Qatar aux grandes ambitions. Le petit émirat est notamment actionnaire dans de nombreuses multinationales et a de multiples projet de rayonnement sur le plan sportif (PSG, Coupe du Monde 2022, Championnat du monde d’Athlétisme). Dès lors, par crainte de voir son soutient aux frères musulmans nuire à ses relations internationales, le Cheik Tamim Ben Hamad Al Thani a pris la décision de mettre un terme au moins officiellement à son soutient aux frères musulmans. Par ce revirement de position le Qatar met fin à un conflit diplomatique l’opposant à ses partenaire du Conseil de Coopération du Golfe : Le Koweit, le Bahreïn, Oman, les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite.
Pour inciter le Qatar à prendre une telle décision, les membres du CCG avaient en début d’année 2014 rappelés leurs ambassadeurs à Doha. La réconciliation entre le Qatar et ses partenaires s’est amorcée en novembre dernier avec le retour des ambassadeurs. La coopération entre Doha et Riyad dans des missions de raids contre l’Etat Islamique est un second signe d’un rapprochement diplomatique. Pour preuve de sa bonne foi, le Qatar a d’ailleurs expulsé certains ténors des frères musulmans alors en exil à Doha.
Néanmoins, ce changement d’orientation diplomatique est -il réellement sincère ou est-ce simplement une nécessité contenu du contexte internationale doublement délicat avec la chute du prix du brut et la menace de l’Etat Islamique. Il ne faut pas oublier que le Qatar pourrait tout de même continuer à soutenir les frères musulmans de façon officieuse par le biais notamment de la toute puissante chaine Al-Jazeera.
ANTOINE POCHOLLE